Ce projet, aboutissement d’une réflexion commencée en 2018, cherche à concilier la performance énergétique, le confort d’usage et l’esthétique de l’architecture produite. C’est donc un projet architectural, spatial et technique à la fois.
La performance thermique qui vise ici le standard Passiv’haus induit, entre autres, des épaisseurs de complexe isolant très importants.
Comment proposer une certaine finesse d’écriture tout en assurant la performance ? Les projets de maison passive produits en France ces dernières années sont souvent avant tout un projet technique et souvent en autoconstruction. L’aspect technique est donc traité mais est souvent le moteur du projet et l’aspect architectural et esthétique vient en second plan semble-t-il ou du moins il semble subir les contraintes de la performance recherchée.
Le programme Case Study Houses nord américain de l’après guerre ou la Walker Guest House de P. Rudolph restent un exemple d’une architecture épurée mais surtout exprimant finesse et légèreté. Bénéficiant de la douceur du climat Californien, les complexes de toitures sont souvent contenus dans l’épaisseur même des ossatures soit une vingtaine de centimètres. Ce qui, au regard des exigences évoquées plus haut, paraît irréalisable dans le cadre d’un projet passif.
La réflexion a donc porté sur un dispositif en coupe accompagnant la conception bioclimatique du projet permettant d’offrir cette finesse tout en assurant la performance requise.
Le projet prétend également ne pas limiter la question de la sobriété à la seule question énergétique mais aussi à l’impact direct sur l’environnement dans l’usage au quotidien du bâtiment. Enfin, une réflexion sur la pérennité des matériaux de façade est également menée afin d’anticiper des pénuries de matériaux.
Au-delà de la performance thermique, le projet propose également de réfléchir sur une optimisation de la consommation énergétique, ici électrique.
Les organes les plus consommateurs étant les appareils utilisant des résistances comme les radiateurs, le lave-linge, le lave-vaisselle et bien-sur la production d’eau chaude.
La performance du passif permettant de résoudre le problème des radiateurs, la réflexion a donc porté sur les autres gros consommateurs. L’eau chaude est ainsi produite par un ballon thermodynamique (CET) qui consommera une puissance de 500 W env. pendant deux à quatre heures par jour suivant la saison. Couplé à l’installation solaire (avec stockage), cette eau chaude est donc produite dix mois sur douze sans apport du réseau extérieur. Il s’agit donc d’exploiter cette ressource, l’eau chaude fonctionnant par ailleurs aussi comme une façon de stocker l’énergie produite.
Le plan de la maison organise donc les pièces humides en position centrale, autour d’une buanderie dans laquelle est placé le CET. Le lave-linge est placé directement à coté du placard contenant le CET. Seule une cloison sépare la cuisine où sont le lave-vaisselle et l’évier. Le circuit de distribution est donc minimum et chaque réseau de consommateur est limité à moins de 1 ml. Les deux équipements sont équipés d’une arrivée d’eau chaude et sont raccordée à celle-ci limitant ainsi le fonctionnement des résistances internes.
Cette contrainte a fortement conditionné l’organisation du plan, obligeant à placer toutes les pièces autour de la production d’eau chaude. Malgré cela, cette maison de 168 m² ne compte que 5 m² de circulation. Une réflexion sur la gestion de l’eau a également été menée. Visant une certaine autonomie vis-à-vis des réseaux publics, l’assainissement non collectif (ANC) retenu est du type phytosanitaire afin d’éviter la présence d’une fosse obligeant une vidange régulière par camion. Par manque de place, seules les eaux grises seront évacuées vers l’ANC. Il est donc prévu uniquement des toilettes sèches à séparation dans la maison.
Il s’ensuit donc une consommation très réduite de l’eau potable.
Des douchettes lave bassin sont installées au droit de chaque sanitaire, limitant la « chasse d’eau » à l’équivalent d’un verre d’eau. Les fèces sont destinées au compost avec une rotation sur trois ans. L’urine, une fois diluée est utilisée au potager.