en association avec Pierre Bernard - architecte. Rana El Hoyek, collaboratrice.
On retient de la forme traditionnelle du béguinage la notion de clos, derrière lequel s’abrite une communauté, et la notion de vie en collectivité. Un mode de vie presque introverti que laissent entrevoir ponctuellement des ouvertures d’échelle domestique.
Ici, c’est la dimension paysagère qui est le point de départ d’une réflexion urbaine et sociale. La particularité de ce site rend identifiable le projet bâti. C’est la nature construite qui donne une forme d’habitabilité au lieu. Cette forme de groupement rural associe jardin de subsistance et collectivité dans l’intimité du clos.
Le clos est matérialisé ici par un mur opaque et linéaire, derrière lequel s’appuient les constructions. Cet ouvrage constitue un mur d’enceinte sur la moitié de sa périphérie, la limite restante étant assurée par le watergang et au-delà par le paysage même. Le gabarit et l’échelle du mur permettent de protéger de la vue, tout en laissant émerger les constructions qu’il entoure.
La volonté de respecter le parcellaire historique et les logiques d’implantations dominantes se traduit par la construction de bâtiments privilégiant une implantation est-ouest, offrant des pignons opaques à leurs extrémités.
Les quinze logements, répartis en sept bâtiments, mêlent habitat individuel, groupé, à rez-de-chaussée ou ponctuellement à R+1. Les émergences sont positionnées en tête des bâtiments entourant l’accès sud.
Le point d’ancrage qui est ainsi fortement exprimé, reprend l’implantation de l’ancien moulin, aujourd’hui disparu. Ce lieu, où se concentrent les bâtiments les plus hauts, devient le point d’articulation entre les masses bâties.
Les bâtiments comprenant des logements groupés s’ouvrent en éventail en suivant la courbe dessinée par le watergang ; une légère inclinaison permet d’affiner les cadrages et de qualifier les espaces entre-deux.
Chaque bâtiment oppose deux types de perception. Côté sud, la façade épaisse et massive affirme le statut des pièces principales des logements, tout en créant un plan de réflexion de la lumière pour l’habitation qui lui fait face. A contrario, côté nord, les couvertures forment une succession de plans étales et ascendants, affirmant l’échelle domestique. Le mur gouttereau, bas et légèrement en retrait, installe un rapport d’échelle propice à positionner les accès aux logements.